Bâtie sur le penchant d’une colline, mais aujourd’hui moins haute que la coopérative vinicole, l’église romane remaniée au XVème siècle n’est pas classée. Mais elle est pleine de richesses et de mystères.
Protégée de la route par de hauts murs, l’église de Serzy-et-Prin, sans clocher, au plan très irrégulier, mérite le détour. Non pas pour son aspect extérieur encore un peu plus altéré il y a une trentaine d’années par une couverture en grosses tuiles, mais par ses richesses inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments histiriques, et par les mystères qu’elle entretien.
En haut d’un escalier pentu, le parvis. Le portail roman du milieu du Xlle siècle présente ses motifs rénovés à l’identique, une décoration végétale.
La façade recouverte de chaux n’a qu’une ouverture. Elle est surmontée d’une horloge 1900, toujours en état de marche, dont le mécanisme de pignons crantés impressionnant, est remonté une fois par semaine. De ses trois cloches visibles, elle sonne les quarts, les demi-heures, et répète les heures faisant coulisser sa grosse machinerie de câbles même durant les offices.
Impossible de faire le tour de l’édifice par le sud mitoyen avec une propriété privée. Le maire du village explique : « Après 1914 ils ont vite rebouché un grand trou et l’on dit qu’il pourrait bien y avoir une crypte sous l’église. Une vache un jour serait tombée, en contrebas, dans un souterrain, Sur la façade, ils remettaient une solution de chaux, ils ont arrêté car elle tombait dans le vide… »
A gauche, la nef reconstruite fin XVI ème est mangée par une sacristie posée sur le bras droit du transept. Dans l’entrée de l’édifice le visiteur ne manquera pas d’être étonné par le mécanisme de l’horloge, véritale machinerie infernale.
En bon ordre, comme des fidèles posés sur grandes dalles, une trentaine de bancs classés gardent l’église. Sur la croix, un Christ en pierre (classé) a la tête tournée vers le maitre-autel baroque, et le rétable imposant du XVII ou XVII ème décoré d’un tableau.
A droite, la nef comporte trois travées voûtées en arcs brisés du XII ème. Les bas-côtés sont plafonnés. A gauche le mur de la nef a été reconstruit. « A une certaine époque, ils voulaient tout repeindre. Mais il y a des graphismes sous les murs, une croix cathare dont on retrouve aussi la trace comme clef de voûte dans le choeur. Il faudrait décaper et restaurer tout cela » dit le maire.
Une petite fenêtre basse côté droit, et deux plus hautes ouvertures à gauche, procurent une assez faible lumière. Le choeur et la croisée du transept sont voûtés d’ogive du XVI ème, et quelques chapiteaux sont finement sculptés. Dans le choeur on peut remarquer aussi un écusson fort abimé portant des animaux aux têtes méconnaissables. Si le bras droit du transept est large et lumineux, le bras gauche plus ancien est plus étroit. Près de l’autel Saint Joseph, remarquable pour sa console à feuilles d’acanthes est ses fruits, repose Saint-Vincent avant d’aller faire la fête.
(D’après une série de parutions en 1996 dans l’Union).