Construite au XIIème siècle, reconstruite au XVIII ème, anéantie en 1914-1918, l’église de Branscourt a toute sa place dans le circuit des églises Saint Remi. Elle possède quelques éléments remarquables.
Vue du haut de la route qui conduit à la ferme de Montazin (vers Savigny sur Ardres), s’appuyant sur le vieux village et protégée par un mur soutenu par des contreforts, avec son beau clocher carré à quatre pentes, sa belle et haute nef couverte de petites tuiles, on lui donnerait le label roman sans confession. Ce n’est pas tout à fait vrai ! Une fois, poussée la grille en fer qui mène au cimetière et grimpé six marches, l’édifice avoue volontier la triste vérité.
Abattue par la folie des hommes lors de la première guerre mondiale, l’église a été rebâtie. Du XII ème siècle, disent les spécialistes, il ne reste plus que la tour trapue qui a résisté aux obus. Cette tour supporte deux cloches. L’une installée en 1834, mais brisée par les allemands, a été refondue et bénie en juillet 1929. L’autre, prénommée Jeanne-Anne-Marie, a été offerte par Paul Charbonneaux à la mémoire de ses deux fils Marcel et Jean morts pour la France. Du XIIème, il reste aussi la croisée du transept voûtée en berceau plein cintre affaissée, et une travée de la nef. Le reste a été refait au XVIIIème siècle.
Le portail ouest se fait vite oublier. A proximité, un imposant tombeau de pierre attire l’attention. Il abrite les restes de Jeanne Marie Henriette de Beffroy, épouse de Louis Pierre H. de Berthet (1784-1859), décédée au château de Branscourt.
De hautes baies aux verres blancs dominent les bas-côtés de la nef, recouverte de petites tuiles couvertes de mousse par endroit. Sur les bras de chaque transept, on trouve un vitrail de trois couleurs. Le chevet encadré par deux grands contreforts s’ouvre sur deux baies géminées. Un coq couleur aluminium domine le clocher trapu, sans effrayer les pigeons.
Sur le collatéral nord, des traces d’une arcade dont l’arc plein cintre, très grand, témoigne que l’édifice devait avoir des proportions sans doute plus importantes à l’origine.
Privée de travée, la nef paraît démesurée. Elle est assez lumineuse, avec ses trois hautes fenêtres de chaque côté. Les fonds baptismaux en pierre sont ornés d’angelots et de feuilles de chêne. Une échelle qui accède au toit de la nef, repose dans une cuve ancienne où l’on baptisait les bébés. De nombreuses statues saluent votre passage. Sous vos pieds remarquez les superbes pavés noirs et blancs rehaussés d’imposantes fleurs de lys.
Derrière l’arc triomphal, la croisée du transept est affaissée. Si le bras gauche a été reconverti en sacristie, le bras droit est dédié à la Vierge dont on peut voir deux statues. L’une aux couleurs grisâtres est du XIVème siècle. Elle a été présentée dans une exposition consacrée à l’art champenois au musée des beaux arts en 1951. L’autre, plus moderne, montre la Vierge portant l’enfant Jésus couronné.
Il faut monter trois marches pour monter au sanctuaire. Derrière un autel miteux, on a presque caché le très bel autel de pierre. Soutenu par six colonnettes aux chapiteaux sculptés, il est surmonté d’un tabernacle orné d’un agneau pascal. Il devance un retable du XVIIIème repeint en blanc, dont le tableau a été remplacé par un joli vitrail d’un Christ en croix réalisé en 1917. Des vitraux aux carreaux tricolores dans les bras du transept, amplifient la lumière.
(D’après une série de parutions en 1996 dans l’Union).