Bel édifice classé des XIIème et XVIème siècles, l’église Saint-Martin de Savigny sur Ardres marie parfois avec bonheur art roman et gothique flamboyant.
Un court clocher du XIIème au toit en batière, consolidé il y a soixante ans, posé sur quatre piliers du XVIème repris en sous-œuvre. Voilà un édifice religieux peu commun à première vue, comme dans de nombreuses églises rurales du secteur. C’est pourtant ce qui fait tout le charme de l’ église Saint-Martin de Savigny-sur-Ardres posée sur une petite butte, au cœur du village, et bien mise en valeur par un mur abaissé.
Remarquablement éclairé la nuit, l’édifice situé en face d’une autre maison historique qui a servi au premier enregistrement radiophonique du Général de Gaulle avant le fameux appel du 18 juin, a une double personnalité et d’autant plus de charme. Blessée, affaiblie en de multiples points à l’image du vitrail de son saint patron réduit de moitié, l’église mériterait quelques travaux.
D’un seul regard le visiteur embrasse la bâtiment imposant devancé par un vieux cimetière. On peut remarquer une ouverture en arc ogival murée derrière le monument aux morts.
Le portail latéral renaissance, est magnifique. Il est classé.
Restauré dans les années soixante, il présente deux énormes vantaux de chêne divisés en neuf panneaux avec des colonnettes saillantes et des décors variés (fleurs, têtes souriantes), et une statue de Saint-Pierre.
On raconte que cette porte serait un vestige de l’abbaye de Montazin toute proche, détruite à la Révolution.
Sur la façade orientale, l’abside voûtée d’ogives à cinq pans, est enjolivée comme les deux bras du transept, par de hautes fenêtres ogivales étroites à un ou plusieurs meneaux, et parfois encadrées par un réseau de pierres en forme de flammes. Sur le bras droit du transept court une lézarde, au-dessus d’une ouverture où l’on peut voir descendre d’étranges poids d’une horloge du début du siècle, située sur le bras du transept opposé.
Sur la façade occidentale, coincée contre un mur, le portail voûté est surmonté d’un tympan constitué de petits vitraux et d’une baie.
Le mariage roman-gothique s’affiche aussi à l’intérieur de l’église. A droite, la nef avec ses arcades voûtées d’ogives est du XIIIème siècle, sans décor. Elle est couverte d’un plafond en bois du XVIème en « panneaux de serviettes ». Le sol est recouvert de grandes dalles dans la nef, et de petits pavés dans le chœur.
Les bas côtés sont du XIIème, avec à gauche deux travées voûtées d’ogives murées, et une seule à droite. Les fonds baptismaux sont classés. La lumière diffusée par les cinq hautes fenêtres du chœur appelle irrésistiblement le regard. Une poutre de gloire en fer forgé supporte un crucifix dont l’ombre pourrait se superposer avec le Christ en croix, créé dans l’un des trois vitraux du sanctuaire par le rémois Jacques SIMON en 1930.
Dans le chœur gothique très lumineux les nervures des voûtes en ogives retombent sur des têtes sculptées. L’autel est décoré par un superbe retable représentant la Cène.
Dans le bras droit du transept, un autel de pierre sculpté avec au-dessus la moitié d’un vitrait datant de 1540, et complété au XXème siècle par Jacques SIMON. A gauche un autre autel surmonté d’une superbe statue de la Vierge du XVème siècle couronnée, tenant l’enfant Jésus aux bonnes joues rouges. A remarquer aussi, une Sainte-Catherine du XVème siècle.
(D’après une série de parutions en 1996 dans l’Union).